Le Nouvel Hollywood: et le cinéma devint adulte

Publié le par napo64

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Si l'on évoque souvent le parlant, la couleur et, plus récemment, la 3D, comme les principales évolutions du cinéma, elles ne sont selon moi pas les plus essentielles, et sont insignifiantes par rapport a l'immense révolution artistique engendrée par le Nouvel Hollywood. Voici une présentation de ce mouvement artistique considérable, avec une petite chronologie et une liste non exhaustives des plus grands films du genre...

 

Survenue a la fin des années 60, et surtout dans les années 70, le Nouvel Hollywood a bouleversé a jamais le monde du cinéma; a tel point que le cinéma actuel est un héritier de ce mouvement, qui a, en quelques années, transformé le cinéma américain de manière irréversible, allant ainsi plus loin que la Nouvelle Vague en France, et souvent avec plus d'efficacité. Toute une génération de réalisateurs a été influencée par ce mouvement, de Steven Spielberg a Ridley Scott en passant pas Martin Scorsese, Francis Ford Coppola, Roman Polanski ou George Lucas, et j'en passe, tant ils sont nombreux.

 

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Ben-Hur de William Wyler, film représentatif de l'Hollywood "classique"(1959)

 

Au milieu des années 60, ce que l'on appelle "l'âge d'or d'Hollywood" touche a sa fin.  Les années 30 a 50 ont fait d'Hollywood l'"usine a rêves", avec des productions bénéficiant de budgets colossaux pour l'époque, et des premières superstars du cinéma, Charles Chaplin, Erroll Flynn, ou John Waynne. Le cinéma hollywoodien classique est régi par les producteurs, qui disposent du droit de décision finale pour un film. Rares sont les films qui échappent a l'influence des studios. L'écriture des scénarios et le montage final dépendaient non pas du réalisateur, mais du producteur.

 

Ce systéme efficace mais strict commence a montrer ses limites vers 1965. En effet, le manque de profondeur psychologique, et l'idéalisation des personnages, font que le public ne se reconnait plus dans ce cinéma des studios. La plupart des "grands maitres" du cinéma américain sont présents depuis l'époque du cinéma muet. John Ford, Howard Hawks, ou Alfred Hitchcock,  doiven faire face a une baisse de la fréquentation de leurs films.

 


 

C'est dans ce contexte de crise du cinéma qu'émerge le "Nouvel Hollywood", celui de la nouvelle génération de réalisateurs. C'est en 1967, avec Bonnie et Clyde d'Arthur Penn, que le mouvement aboutit véritablement. Violent, réaliste et pessimiste, ce film rencontre un succés populaire inattendu, brisant de nombreuses règles habituelles de l'industrie hollywoodienne, un style novateur récompensé par 10 nominations aux Oscars en 1968. Le Nouvel Hollywood, c'est aussi un style plus moderne, dans lequel baigne toujours le cinéma actuel. La même année, c'est un autre film pour le moins avant-gardiste, Le lauréat, qui se fait remarquer pour sa représentation extrémement marquante d'une génération cherchant a briser les codes et les tabous traditionnels. C'est aussi le premier grand succés de Dustin Hoffman.

 

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Mia Farrow dans Rosemary's Baby

 

En 1968, Rosemary's Baby de Roman Polanski préfigure le film d'horreur moderne, et impose son réalisateur comme l'une des grandes figures du Nouvel Hollywood.

 

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Le Nouvel Hollywood est véritablement porté aux sommets en 1969 avec Easy rider, de et avec Dennis Hopper. Réalisé avec un budget de 400 000 dollars, le film en rapporte environ 60 millions. En dehors de ce succés public considérable, Easy rider crée une petite révolution au sein du cinéma américain. Désormais, le réalisateur devient le premier homme, celui qui donne le ton au film et décide du "final cut", a l'instar des grands maitres du cinéma français ou italien de la même époque. Pendant ce temps, Dustin Hoffman obtient la consécration avec Little Big Man, d'Arthur Penn, western antimilitariste, qui rompt avec les canons du genre, en imposant la vision d'un George Amstrong Custer fanatisé et barbare, face aux Indiens pacifiques. Enfin, 1969 est aussi l'année de la révélation pour Sidney Pollack, avec On achève bien les chevaux.

 

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En 1970, M.A.S.H de Robert Altman met en scène de maniére hillarante des médecins militaires pendant la guerre de Corée, rafle un grand nombre de récompenses, et révéle l'acteur Donald Sutherland. Il s'agit de l'un des meilleurs films antimilitaristes de l'histoire, tant l'humour caustique s'y révéle efficace, avec en prime une Palme d'Or au festival de Cannes, première récompense importante obtenue par le Nouvel Hollywood. Avec un budget nettement inférieur, George A.Romero réalise La nuit des morts-vivants, qui impose définitivement les règles du film d'horreur moderne.

 

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En 1971, Sidney Pollack signe avec Jeremiah Johnson un western contemplatif, a l'opposé du style d'Howard Hawks ou John Ford.Pollack révéle Robert Redford, autre acteur a jamais associé au Nouvel Hollywood. 1971 est aussi une année cruciale pour la science-fiction, puisqu'il s'agit également de l'année de sortie de THX 1138, le premier film de George Lucas.

 

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1972 est l'année de Délivrance. Entre drame et film a suspense, le film de John Boorman étonne encore aujourd'hui par sa modernité exceptionnelle, et reste selon moi l'un des plus grands films américaine de l'histoire. Avec Délivrance, Boorman transforme aussi la réalisation, adoptant un style trés éloigné du cinéma hollywoodien classique, beaucoup plus réaliste et intense. Le réalisme est d'ailleurs le point commun d'un grand nombre de réalisateurs du Nouvel Hollywood. Même des films de science-fiction tels THX 1138 ou Alien: le huitième passager possédent un réalisme, tant dans le jeu des acteurs que dans la réalisation, parfois proche du documentaire. Les principaux acteurs du Nouvel Hollywood, tels Robert de Niro, Dustin Hoffman ou Jack Nicholson, ont un jeu d'acteurs plus varié, moins glamour, et n'hésitent pas a faire transparaitre toutes les souffrances humaines. Mais pour le commun des mortels, 1972 est avant tout l'année du Parrain, chef d'oeuvre immortel de Francis Ford Coppola, a la prefection rarement égalée, et avec un Marlon Brando qui retrouvait alors son statut d'icone, aprés plusieurs années de traversée du désert. Ce film reste a ce jour l'un des plus oscarisés de l'histoire.

 

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A partir de cette date, on peut considérer que c'est le modèle du Nouvel Hollywood qui domine désormais le cinéma américain. Ainsi, Franlklin J.Schaffner réalise, avec un budget conséquent, Papillon, avec Steve Mc Queen, star typique du Hollywood classique, et Dustin Hoffman, alors en pleine gloire, avant ses deux Oscars. Autre film de luxe, L'exorciste, de  William Friedkin, l'un des premiers films d'horreurs modernes, est aussi parfois considéré comme le premier blockbuster de l'histoire, quelques temps avant Les dents de la mer de Spielberg. Une noueau réalisateur se révéle au grand public: il s'agit de Brian de Palma, avec Soeurs de sang. Quant a Martin Scorsese, il confirme avec Main Streets son immense talent, qui se révéleront pleinement durant les années a venir. Quant a Roman Polanski, il entraine Jack Nicholson dans les rues d'un Chinatown qui reste pour beaucoup son plus grand chef d'oeuvre. La Palme d'Or revient cette année a un autre représentant du Nouvel Hollywood, Jerry Schatzberg, pour L'épouvantail, et l'Oscar du meilleur film a L'arnaque de George Roy Hill.

 

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En 1974, c'est Francis Ford Coppola qui connait un triomphe sans précédent. Recevant tout d'abord un nouvel Oscar du meilleur film pour Le parrain 2, il est ensuite récompensé par la Palme d'Or pour Conversation secrète. Alan J.Pakula, maitre du thriller, connait une reconnaissance internationale rapide avec A cause d'un assassinat, tout comme Steven Spielberg, auteur l'année précédente d'un formidable et novateur Duel, et qui récidive avec Sugarland Express, qui reste a ce jour le seul film de Spielberg récompensé au Festival de Cannes.

 

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L'année suivante, Milos Forman est a l'honneur, avec le formidable Vol au-dessus d'un nid de coucou, drame dont l'action se situe dans un hopital psychiatrique, et qui bénéficie de l'immense talent de Jack Nicholson. Résultat: un Oscar du meilleur film pour Forman et un autre du meilleur acteur pour Nicholson, qui trouve sans aucun doute son meilleur rôle. Aprés le relatif échec de Sugarland Express, Steven Spielberg prend sa revanche avec Les dents de la mer, film culte, et "ancêtre" des blockbusters modernes. Le blockbuster, genre héritier du Nouvel Hollywood, qui précipitera également la chute des films de ce genre.

 

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En 1976, Martin Scorsese rencontre son premier grand succés, ainsi qu'une Palme d'Or, avec Taxi Driver, qui conduit aux sommets Robert de Niro, révélé par Francis Ford Coppola dans Le parrain. Parmi les grands films de l'année, on trouve également Les hommes du président, d'Alan J.Pakula ou Marathon man, de John Schlesinger.

 

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Mais c'est la révolution Star Wars qui précipite définitivement le monde du cinéma dans l'êre des blockbusters. Le film de George Lucas, de par son succés, formate quelque peu le style hollywoodien. Le style de la réalisation est le même, mais l'esprit qui caractérise le Nouvel Hollywood est différent.

 

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Aprés Star Wars, le Nouvel Hollywood n'a plus beaucoup de jours devant lui; mais des chefs d'oeuvre continuent a foisonner. En 1978, l'Oscar du meilleur film revient ainsi a Voyage au bout de l'enfer de Michael Cimino. Avec Halloween, la nuit des masques, John Carpenter fait connaitre son style, qui sera maintes et maintes fois copié dans le genre du film d'horreur. En 1979, Francis Ford Coppola décroche la Palme d'Or avec le film de guerre Apocalypse now, ou l'on retrouve deux acteurs au sommet de leur talent, Martin Sheen et le désormais vétéran Marlon Brando, plus inquiétant que jamais.

 

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Les derniers grands films du Nouvel Hollywood sont Raging Bull de Martin Scorsese ou Les Blue Brothers, de John Landis. Mais bien que l'époque du Nouvel Hollywood soit terminée, on peut attribuer a ce genre d'être a l'origine des films hollywoodiens actuels. Steven Spielberg, Martin Scorsese, George Lucas ou Roman Polanski ont imposé leur style, et régnent encore en maitres sur le cinéma américain. Quentin Tarantino rend magnifiquement hommage a cette période de libération artistique, ou le cinéma est devenu adulte...

 

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Publié dans Cinéma

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