1814, la campagne de la dernière chance

Publié le par napo64

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Campagne de France, de Jean-Louis Ernest Meissonier

 

La campagne de France de 1814 revêt une place a part au sein des guerres napoléoniennes. De par son dénouement tragique, le déséquilibre des forces, ainsi que par le fait que la guerre se déroule cette-fois ci sur le territoire français, la campagne de France est un moment réellement a part dans l'histoire de France. Voici une chronique non exhaustive des événements de cette terrible année 1814...

 

Lorsque Napoléon revient en France, le 9 Novembre 1813, la France est dans une situation critique. L'Empire s'amenuise, Napoléon perdant au fur et a mesure chacune de ses conquètes. En traversant le Rhin, l'Empereur se replie sur le territoire national, qui sera l'ultime théâtre de la guerre. Qui plus est, les caisses de l'Etat sont vides...

 

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Dés son retour en France, Napoléon décide de la levée des années 1803 a 1815, recrutant ainsi 300 000 conscrits, destinés a remplacer les pertes d'une Grande Armée fortement diminuée par la campagne de Russie et la retraite désastreuse qui s'ensuivit. Les Alliés, rassemblés a Francfort, ne laissent que peu de répit a l'Empereur acculé, et se mettent en marche vers la France le 15 Décembre. Les Alliés séparent leurs corps en trois groupes. Les Autrichiens de Schwarzenberg traversent la Suisse, pourtant neutre, et déferlent par le Jura. Blücher envahit l'Alsace et la Lorraine, et Bernadotte attaque par le Hollande. Le 19 Décembre, Napoléon s'adresse au Corps Législatif en ces termes:

 

"Sénateurs, Conseillers d'État, Députés des départements au Corps législatif.

 

D'éclatantes victoires ont illustré les armes françaises dans cette campagne. Des défections sans exemple ont rendu les victoires inutiles ; tout a tourné contre nous. La France même serait en danger sans l'énergie et l'union des Français. Je vous ai appelés près de moi : mon cœur a besoin de la présence et de l'affection de mes sujets. Je n'ai jamais été séduit par la prospérité : l'adversité me trouvera au-dessus de ses atteintes. J'ai plusieurs fois donné la paix aux nations, lorsqu'elles avaient tout perdu. J'ai élevé des trônes pour des rois qui m'ont abandonné. Monarque et père, je sens que la paix ajoute à la sécurité des trônes et à celle des familles. Des négociations ont été entamées avec les puissances coalisées. J'ai adhéré aux bases qu'elles ont présentées ; j'ai ordonné qu'on vous communiquât toutes les pièces originales qui se trouvent au portefeuille de mon département des affaires étrangères. Rien ne s'oppose de ma part au rétablissement de la paix. C'est à regret que je demande à ce peuple généreux de nouveaux sacrifices ; les nations ne traitent qu'en déployant toutes leurs forces. Sénateurs, Conseillers d'État, Députés des départements, vous êtes les organes n

aturels de ce trône. C'est à vous de donner l'exemple d'une énergie qui recommande cette génération aux générations futures. Qu'elles ne disent pas de nous : « Ils ont sacrifié les premiers intérêts du pays ; ils ont reconnu les lois que l'Angleterre a cherché en vain pendant quatre siècles à imposer à la France ». J'ai la confiance que les Français seront dignes d'eux et de moi."

 

Le Corps Législatif vote la poursuite de la guerre a 223 voix contre 31.

 

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Le 23 Décembre, les Autrichiens de Schwarzenberg sont les premiers a pénétrer en France. Deux semaines plus tard survient le traité de paix entre Murat et les Alliés. Celui-ci conclut même un traité d'alliance avec eux le 11. Un coup dur pour Napoléon, qui se voit trahi pas un de ses plus fidéles et anciens amis. En s'alliant a l'Autriche, Murat pense surtout s'assurer de la future succession de ses héritiers a la tête du royaume, en échange de 30 000 hommes fournis a la Coalition.

 

Début Janvier, l'armée de Blücher franchit elle aussi la frontière. Les armées et Victor et de Marmont n'ont d'autre choix que de reculer face aux 160 000 Prussiens. L'avancée des troupes est lente mais constante, sans véritable combat décisif. Le 25 Janvier, Blücher est a 150 km de Paris. Napoléon prend le commandement des armées aprés avoir officiellement  conféré la régence a l'impératrice Marie-Louise. Le lendemain, son armée de 50 000 hommes s'installe a Châlons-sur-Marne, Troyes, Vitry et Méziéres.

 

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Le 27 Janvier, le premier grand combat a lieu a Saint-Dizier. Napoléon repousse l'avant-garde prussienne. Pendant ce temps, Schwarzenberg marche vers Troyes, désirant effectuer la jonction avec l'armée prussienne. C'est a Brienne, le 29, que Napoléon affronte es Autri

chiens. Protégé dans le château par les corps russes de Sacken et d'Asufiew, Blücher manque d'être pris. Au soir, on compte 3000 pertes dans chaque camp. Napoléon n'a pu empécher la jonction des armées de Blücher et de Schwarzenberg, mais il prend Brienne le 30. Apprenant que Blücher et Schwarzenberg l'attendent avec 100 000 hommes, soit deux fois plus d'hommes que lui, Napoléon accepte pourtant le combat. La bataille de La Rothiére se solde par une défaite cuisante: prés de 6000 pertes, et 54 canons. Les désertions se multiplient, et plus que jamais, la situation de la France parait désespérée.

 

A la suite de cette défaite, un nouveau congrés s'ouvre, a Chatillon, entre la France et les Alliés. Caulaincourt, ministre des relations étrangères, a obtenu carte blanche de Napoléon pour la signature d'un traité de paix. Cependant, les conditions des Alliés sont extrémement dures; trop dures pour l'Empereur. Napoléon a pacé de nombreux membres de sa famille a la tête d'Etats européens, mais sa défaite menace leur légitimité. En conséquence, les Alliés refusent a la France son droit de participer au remaniement de l'Europe en cas de paix, et exigent que le pays retrouve ses frontiéres de 1791. Face a ce refus, les négociations cessent le 8 Février.

 

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Les armées alliées poursuivent donc leur marche vers Paris. Schwarzenberg remonte la vallée de la Seine, tandisque Blücher suit la vallée de la Marne. Napoléon tente de prendre les deux groupes sur leuur flanc en se glassant entre les deux armées, dans le but de les séparer. Il remporte une victoire contre les Prussiens le 10 a Champaubert, puis le lendemain a Montmirail. Mais c'est deux jours plus tard, a Vauchamps, que l'Empereur dispute une bataille véritablement importante, en forcant Blücher au repli sur Châlons. Ces trois batailles causent 25 000 pertes aux Alliés, Napoléon faisant montre d'un talent de stratége digne de celui de ses grandes années. L'Empereur commence cependant a souffrir du manque de recrues. En effet, l'ennemi occupé déja une partie du pays, et la défaite certaine pousse de nombreux soldats a la désertion.

 

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Aprés avoir stoppé l'avance des Prussiens, Napoléon dirige son armée a marche forcée vers l'armée de Schwarzenberg. Le 18, a Montereau, une nouvelle victoire inespérée donne un nouvel espoir aux Français. S'exposant au feu ennemi, l'Empereur lance a ses soldats inquiets: "Ne craignez rien, mes amis, le boulet qui me tuera n'est pas encore fondu." Plein d'espoir aprés cette victoire inattendue, Napoléon écrit a Caulaincourt:

"La providence a béni nos armes ; j'ai fait 30 à 40 000 prisonniers, j'ai pris 200 pièces de canon, j'ai détruit plusieurs armées presque sans coup férir, j'ai entamé hier l'armée de Schwartzenberg, que j'espère détruire avant qu'elle ait repassé nos frontières. Vous devez tout faire pour la paix ; mais mon intention est que vous ne signiez rien sans mon ordre, parce que seul je connais ma position. En général, je ne désire qu'une paix solide et honorable ; elle ne peut être telle que sur les bases de Francfort." puis le lendemain au prince Eugène:

"J'ai détruit l'armée de Silésie, composée de Russes et de Prussiens : j'ai commencé hier à battre Schwartzenberg, il est donc possible que nous puissions conserver l'Italie."

Napoléon désire entamer immédiatement des négociations, afin de conserver l'impact exercé par ses récentes vict

oires; une paix moins défavorable que celle décidée a Chatillon.

 

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"Ne craignez rien, mes amis, le boulet qui me tuera n'est pas encore fondu."

 

Les Alliés sont cependant trop occupés a trouver un terrain d'entente quant a l'avenir de la France en cas d'abdication de l'Empereur. Certains pays, l'Angleterre en tête, désirent un retour des Bourbons sur le trône. L'Autriche, quant a elle, désire une abdication de l'Empereur en faveur de son fils, le roi de Rome, qui est aussi petit-fils de l'Empereur François. L'Autriche, la Prusse, la Russie et e Royaume-Uni s'engagent solenellement au maintien d'une armée de 150 000 hommes contre la France, et promettent de ne tenir aucune négociation séparée avec l'ennemi. Le 19 Mars, Caulaincourt remet aux Alliés le nouveau projet de paix, ou la France se voit ajoutée Nice et la Savoie par rapport a l'ancien traité, et ou la couronne d'Italie revient au prince Eugêne. Mais le projet, rendant la France trop puissante, est rejeté.

 

Les jours suivant ce traité sont marqués par un duel entre Napoléon et Blücher, qui tentent de se déborder mutuellement le long de la Marne, les deux armées suivant des directions parraléles. Le 13 Mars, les deux généraux sont entre Soissons et Reims, et de nombreuses escarmouches ont lieu. Napoléon veut parvenir en Lorraine afin d'effectuer la jonction avec les troupes restées la-bas, puis d'attaquer les arriéres des armées aliées.

 

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Blücher et ses hommes durant la campagne de France

 

Le 20 Mars, Napoléon, avec 30 000 hommes, affronte les 100 000 hommes de Schwarzenberg a Bar-sur-Aube. La bataille qui s'engage est trés longtemps indécise, et dure jusqu'au lendemain. Cependant, Napoléon, nettement inférieur en nombre, doit battre en retraite. Les armées de Blücher et de Schwarzenberg opérent enfin une jonction qui rend encore plus critique la position des Français. Le 23, Napoléon est a Saint-Dizier. Mais les Alliés parviennent a intercepter son plan de jonction avec les forces Françaises d'Alsace. Ils décident en conséquence d'attaquer Paris sans attendre. Face aux 200 000 hommes de l'armée alliée, Marmont et Mortier ne disposent que de 20 000 hommes. Malgré le courage et la pugnacité dont ils font preuve, ils sont finaement battus a la Fère-Champenoise. La dernière armée protégeant la route vers Paris a été battue, et la route vers la capitale est maintenant ouverte.

 

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La Garde Nationale défendant Montmartre

 

Le 28 Mars,alors que les Alliés sont a Bondy, Napoléon abandonne son plan, et se dirige vers Paris. La capitale est attaquée dés le 30 Mars. Blücher lance une offensive par Clichy et Montmartre, Schwarzenberg par Pantin et Romainville. Les combats se concentrent rapidement autour de Clichy, ou le maréchal Moncey et la Garde Nationale opérent une courageuse défense. Mais la bataille ne se poursuit pas plus longtemps. En effet, des négociations sont lancées, et l'armistice signé dans la soirée par Marmont. Napoléon, alors a Juvizy, s'exclame lorsqu'on lui annonce la nouvelle:

"Paris vient de capituler; marchons sur Paris."

Mais les troupes Françaises ont déja évacué la capitale. C'est alors seulement que l'Empereur abandonne tout espoir de victoire. Les Alliés entrent dans Paris le 31 Mars a 11h, tandisque Napoléon s'en va a Fontainebleau. Les Alliés ont pris la décision de rétablir les Bourbons sur le trône. Le 1er Avril, le gouvernement provisoire, présidé par Talleyrand, est instauré. Napoléon est démis de toutes ses fonctions et de tous ses titres. Pour l'Empereur déchu, c'est la fin d'un régne, et un premier exil qui commence...

 

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Publié dans Premier Empire

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