Wissembourg, le début... de la fin

Publié le par napo64

http://www.culture.gouv.fr/Wave/image/joconde/0074/m500202_atpico-g70095_p.jpg

 

De la guerre franco-allemande de 1870, beaucoup de souviennent de la défaite de Sedan, du siège de Paris et de la naissance, au château de Versailles, de l'Empire Allemand. Mais d'autres combats, également meurtiers, ont émaillé ce conflit qui dura presque sept mois. La bataille de Wissembourg, moins connue, est néanmoins cruciale. Il s'agit en effet de la première bataille de la guerre de 1870.

 

Ainsi, la place forte de Wissembourg, trop proche de la frontière, avait été évacuée par le général Ducrot dés l'été. Cependant, le sous-préfet Hepp proteste, et se plaint au ministère. Il ne veut en aucun cas laisser sa ville sans défense, exposée aux destructions et a l'occupation ennemie. Le ministère fait savoir a Ducrot que la ville doit être défendue. Ducrot envoie alors la 2éme division d'infanterie occuper Hageneau. Mais une partie des approvisionnements se trouve encore a Wissembourg.

 

http://www.encyclopedie.bseditions.fr/image/article/carte/FRALCARTHIS031.jpg

 

Face a cette situation délicate, le maréchal Mac Mahon organise ses troupes autour de la ligne de chemin de fer Strasbourg-Hageneau-Bitche-Metz, indispensable au bon ravitaillement de l'armée. Ainsi, la 1ére division Ducrot quitte Hageneau pour Lembach, assurant ainsi la liaison avec le 5éme corps. C'est a la 2éme division qu'il revient d'occuper Wissembourg et les environs, effectuant la liaison avec la 1ére division par le col du Pigeonnier. Son flanc droit est protégé par la 1ére brigade de cavalerie. A Ducrot revient la lourde charge de coordonner toutes ces unités, le général connaissant bien le terrain environnant.

 

Cependant, Durcot modifie les ordres initiaux. Il pense en effet que les forces ennemies ne sont pas une menace pour l'armée, en tout cas pas dans l'immédiat. Ainsi, la 2éme division reste cantonnée sur les hauteurs, Wissembourg n'est occupée que par un bataillon, dont le rôle n'est pas de défendre la ville mais de mobiliser les ressources et les vivres pour le reste de l'armée. Le général Douay, commandant la 2éme division, doit relever le 96éme régiment d'infanterie, laissant le flanc gauche du dispositif vulnérable.

 

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/7/79/General_Abel_Douay.jpg

Le général Abel Douay

 

Au final, le général Douay ne dispose que de 8000 hommes sur les 15 000 habituels. Le 3 Aout, alors que la division Douay arrive, rien n'est fait pour protéger les soldats de la pluie qui s'abat avec une rare intensité sur la ville. Des sentinelles sont envoyées sur le Geisseberg, hauteur proche d'ou l'on peut surveiller les alentours de la ville. Cependant, Douay est prévenu au soir de la présence d'une force ennemie importante dans les environs.

 

Au matin du 4 Aout, des escadrons de cavalerie sont envoyés en reconnaissance, mais ne décélent aucune présence ennemie aux alentours. Cependant, les sources locales lui indiquent la présence de 30 000 prussiens a Landau. Selon les directives de Mac Mahon, Douay doit rejoindre les forces de Ducrot en cas d'attaque par un ennemi trés supérieur en nombre. Pendant ce temps, les forces allemandes, dirigées par le général Werder, traversent la frontière sans rencontrer de résistance. Composée des division wurtembergoise et badoise, l'armée de Werder compte environ 60 000 hommes.

 

http://www.culture.gouv.fr/Wave/image/joconde/0075/m500202_atpico-g70132_p.jpg

 

Les Français ne s'attendent absolument pas a une attaque, et l'effet de surprise est total lorsque, vers 8h 15, en ce matin du 4 Aout 1870, les premiers coups de canons se font entendre. C'est la 4éme division bavaroise qui, la pr

emière, lance l'assaut sur Wissembourg, soutenue par deux batteries d'artilleries, qui exercent un tir nourri sur la ville, causant des dégats considérables sur de nombreux batiments. Cependant, la ville ne tombe pas, grâce nottament au 1er régiment de tirailleurs algériens, qui tient la gare d'Altenstadt, empéchant le franchissement de la Lauter aux troupes allemandes. Nouvelle erreur tactique française: la brigade de cavalerie légère n'est pas utilisée comme unité de reconnaissance, et reste protégée entre le Geissberg et le Vogelsberg.

 

Le château est occupé et mis en état de défense par le 50éme régiment d'infanterie. Douay fait prévenir Mac Mahon, mais les éventuels renforts sont a une journée de marche. Les bavarois ne parviennent toujours pas a franchir la Lauter, les défenseurs français faisant preuve d'une résistance assez exceptionnelle. Le 5éme corps prussien de von Kirchbach avance jusqu'a Schweighofen. Puis il sépare son groupe en deux éléments, l'un poursuivant sa route directement vers Wissembourg, l'autre doit traverser le pont de Saint-Rémy pour arriver a la gare d'Altenstadt. Pendant ce temps, le 11éme corps prussien de von Bose arrive depuis la route de Lauterbourg. Douay se retrouve ainsi confronté a trois corps d'armée ennemis. Il se rend compte, mais trop tard, qu'il n'a pas a faire a une simple reconnaissance ennemie, mais bel et bien a une attaque organisée de forces importantes.

 

 

http://petitsamisdelacommune.chez-alice.fr/_wp_generated/wp8a90dd5a.jpg

L'Etat-major général allemand en 1870. Image d'Epinal.

 

Les Français opposent cependant une résistance opiniâtre, rendant la progression des soldats allemands difficile. L'artillerie allemande tire sur le Geissberg, qui surplombe le château, défendu par le 50éme régiment d'infanterie. Sous ce tir nourri, toute résistance devient difficile. L'artillerie française est presque totalement détruite. Douay ordonne la retraite vers le col du Pigeonnier. Ses forces sont a présent attaquées de front par les Bavarois, et sur le flanc gauche par les Prussiens, une situation trop difficile a tenir en raison de la trés nette infériorité numérique française. Douay veut ainsi rallier les forces de Ducros, stationnées a Lembach.

 

Le général Pellé est chargé de désengager les troupes de Wissembourg. Il les couvre grâce a la brigade Montmarie depuis le Geissberg. Mais aux environs de 11h, le général Douay est atteint par un éclat d'obus, qui le tue sur le coup.

 

http://www.culture.gouv.fr/Wave/image/joconde/0470/m500202_07-517531_1.jpg

 

Le général Pellé prend le commandement des forces françaises. Il manque de troupes fraiches pour assurer le désengagement les unités prises sous le feu ennemi. La brigade Montmarie retient les troupes allemandes autour du Geissberg, permettant aux turcos du 1er régiment de tirailleurs algériens de se désengager. Tandisque les forces françaises se replient, l'artillerie restante couvre la retraite depuis Steinselz.

 

Les généraux von Kirchbach et von Bose menacent a présent le derniers défenseurs du Geissberg. Le chef de bataillon Cécile, tente une sortie, mais échoue finalement. Le château est a présent totalement encerclé, et subit un feu d'artillerie aussi violent que meurtrier. Ce n'est qu'a 14h passées, et faute de munitions restantes, que le capitaine Lagneaux se résout a capituler. Cependant, la résistance du Geissberg a permis de laisser suffisament de temps a la 1ére brigade pour se reformer, le long de la route de Strasbourg.

 

Le chef de bataillon Liaud, qui a assuré le désengagement des autres unités, est toujours dans Wissembourg, et se retrouve isolé. En effet, toutes les sorties. de la ville sont a présent tenues par l'ennemi, rendant la retraite impossible. Liaud décide alors de défendre Wissembourg jusqu'au bout. L'artillerie bavaroise parvient enfin a abattre la porte de Landau, et les soldats se précipitent a l'attaque, a l'intérieur des murs de la ville. Alors que les troupes du Geissberg se rendent, il en est de même pour les défenseurs de Wissembourg qui, a 14h, cessent le combat lorsque le maire de

la ville hisse le drapeau blanc.

 

http://www.cc-pays-wissembourg.fr/Images/Geisberg/ambulancewalck.jpg

Une ambulance allemande a Wissembourg, aprés les combats.

 

La bataille de Wissembourg est déja révélatrice des failles de l'armée française, qui seront les principales causes du désastre de 1870. Les Allemands envahissent l'Alsace du  Nord, menant déja l'empire de Napoléon III vers une défaite dont il ne se remettra pas.

Publié dans Second Empire

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article