Waterloo, morne plaine

Publié le par napo64

http://aix1.uottawa.ca/~sperrier/europe/cours12/images/Andrieux_-_La_bataille_de_Waterloo.jpg

La bataille de Waterloo, par Clément-Auguste Andrieux

 

Voici une des batailles emblématiques de l'époque napoléonienne, a laquelle j'avais déja consacré une série d'articles précédemment, mais dont je ne me lasse pas, tant elle fût riche sur le plan tactique, avec des erreurs grossiéres commises dans les deux camps, et riche de nombreuses anecdotes désormais entrées dans la légende.

 

Alors que Napoléon n'a pas encore recouvré son trône en France, les monarques européens craignent déja l'empereur déchu comme la peste, et créent une nouvelle coalition pour s'opposer a un retour qui semble chaque jour plus certain. En Mars 1815, le roi Louis XVIII quitte Paris pour gand. La Prusse et l'Angleterre s'allient pour attaquer la France. Les armées de Wellington et Blücher se mettent en marche, et parviennent en Belgique.

 

http://fr.academic.ru/pictures/frwiki/87/Wollen,_Battle_of_Quatre_Bras.jpg

La bataille de Quatre-Bras, par James Wollen

 

Napoléon n'est cependant pas resté inactif, et décide d'engager le combat, espérant ainsi battre les deux armées avant qu'elles ne se rejoignent. Il franchit la Sambre le 15 Juin, et parvient a repousser les Prussiens a Ligny le lendemain. Alors que Napoléon se bat a Ligny, les Français ne parviennent pas a repousser les Anglais aux Quatre-Bras. Commandant les 1er et 2éme corps, le maréchal Ney ne peut empécher les unités Britanniques de se rallier, gardant ainsi la cohésion globale de l'armée. Ney prive aussi Napoléon d'une victoire totale sur les Prussiens en rappelant les troupes chargées de couper la retraite a l'armée en déroute, permettant a Blücher et ses hommes de s'échapper. Au final, les Prussiens perdent 12 000 hommes, contre 7000 Français.

 

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/6/69/Arthur_Wellesley%2C_1st_Duke_of_Wellington_by_Robert_Home_cropped.jpghttp://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/b/b9/Bl%C3%BCcher_%28nach_Gebauer%29.jpg

Arthur Wellesley, duc de Wellington, et Gebhard Leberecht von Blücher

 

Blücher manque de peu d'étre capturé, mais avec le général Gneisenau, il organise une retraite vers Wavre qui permet de limiter les pertes matérielles, tout en sauvegardant la possibilité d'une fusion avec l'armée de Wellington. Napoléon surestime sa victoire, pensant que les Prussiens ne sont désormais plus une menace pour les semaines a venir. Le 17, il charge Grouchy, avec 34 000 hommes, de poursuivre les Prussiens. Pendant ce temps, Wellington, qui a été informé de la défaite de Blücher, conduit ses unités aux environs du Mont-Saint-Jean, ou l'armée prussienne doit le rejoindre, et ainsi opérer ainsi le rassemblement des deux armées.

 

http://www.britishbattles.com/waterloo/images/napoleon-addresses.jpg

 

Au matin du 18 Juin, la bataille semble inévitable. L'armée de Wellington compte 68 000 hommes, Britanniques, mais aussi Hollandais, Belges et Allemands, ainsi que la célébre King's German Legion. Wellington a disposé ses unités en position défensive, dans les fermes d'Hougoumont, La Haye Sainte et  papelotte.

 

Du coté Français, Napoléon dispose de 71 000 hommes,  dont une artillerie nettement supérieure en nombre. Il veut ataquer la ferme de La Haye Sainte, au centre du dispositif Allié, et déploie dans ce but pas moins de 80 canons devant le 1er corps de Drouet d'Erlon.

 

 

La pluie battante, qui n'a pas cessé toute la nuit, empéche le déploiement de l'artillerie, et pour cette raison le début de la bataille est retardé. La pluie sera un handicap énorme pendant toute la bataille, rendant la progression de la cavalerie difficile et diminuant l'efficacité de l'artillerie, les boulets s'enfoncant dans le sol détrempé.

 

L'attaque est lancée vers 11h 30, lorsque Napoléon envoie son frére, Jérome, attaquer la ferme d'Hougoumont, créant une diversion destinée a attirer les réserves de Wellington. Mais les Anglais sont bien fortifiés, et les attaques Françaises sont aisément repoussées, malgré l'arrivée de renforts. A 13h 30, quelques hommes enfoncent la porte a coups de hache, et parviennent a pénétrer dans l'enceinte, mais sont tous massacrés, sauf un...

 

http://users.skynet.be/ym04/waterloo/waterloo_hougoumont.jpg

Le combat d'Hougoumont, durant lequel la garnison de 1200 soldats retint plusieurs régiment français pendant toute la bataille

 

Pendant ce temps, la grande batterie française ouvre le feu et, aprés une demi-heurs de bombardement intensif, l'attaque est lancée. La division Quiot, soutenue par une brigade de cuirassiers, s'élance a l'assaut de la ferme fortifiée de La Haye Sainte, défendue par un bataillon de la redoutée King's German Legion. Le général Picton méne une contre-attaque a l'Est avec les troupes écossaises, ainsi que les célébres Scots Greys et une autre brigade de cavalerie lourde. Les Français sont surpris et doivent se replier en désordre avec de lourdes pertes. Poursuivant leur élan, la cavalerie lourde britannique atteint la grande batterie française. Mais une contre-attaque de la cavalerie française décime leurs rangs. Le général Picton est tué alors que la cavalerie anglaise doit elle aussi se replier avec de lourdes pertes.

 

http://www.mcleanscotland.co.uk/images/scotsdg3.jpg

La célébre charge des Scots Greys

 

Une fois l'attaque anglaise stoppée, la grande batterie française effectue un nouveau tir de préparation. A 15h, une nouvelle attaque est menée contre La Haye Sainte. A cause du feu des canons français, Wellington fait replier son centre, ce qui trompe Ney qui, croyant a un repli général, charge avec la cavalerie a l'Ouest de la Haye Sainte. La cavalerie française affronte les carrés britanniques, dans un combat qui dure plusieurs heures, sans qu'aucun des deux camps parvienne a l'emporter.

 

Mais a 14h a lieu ce que l'on considére, a juste titre, comme le tournant de la bataille. Les Prussiens arrivent! C'est une armée encore fraiche, ayant progressé sans aucune opposition jusqu'au champ de bataille, qui déboule sur le flanc Est de la Grande Armée.

 

Les deux divisions de cavalerie envoyées face a Blücher ne parviennent pas a stopper l'avancée de l'armée prussienne, qui attaque Plancenoit a 16h 30. Désormais, l'armée française se retrouve prise entre le drapeau et l'enclume, attaquée a l'avant, a l'arriére, et sur le flanc droit.

 

http://www.uncp.edu/home/rwb/waterloo_001.JPG

Ney face aux carrés d'infanterie britanniques

 

Pendant ce temps, la lutte continue entre la cavalerie française et les défenseurs anglais de La Haye Sainte. Ney a cinq chevaux tués sous lui, et ne parvient pas a éliminer l'artillerie adverse, ni les troupes britanniques, adoptant une formation en carré, terriblement efficace contre la cavalerie. A 17h, voyant que le combat est cependant loin d'étre perdu, Napoléon envoie un corps et une division de cavalerie supplémentaires. Au total, cela fait prés de 10 000 cavaliers français qui s'opposent a l'infanterie britannique. Mais cela n'est toujours pas suffisant.

 

A 18h, le 4éme corps prussien attaque Plancenoit. Les Français, submergés, doivent se replier. La Jeune Garde est envoyée dans une contre-attaque victorieuse. Le village retombe aux mains des Français.

 

http://www.ahmadtea.ua/userfiles/images/History_UoBM/waterloo/f_nap_plancenoit.jpg

Le combat de Plancenoit

 

Pendant ce temps, le combat  de La Haye Sainte continue encore jusqu'a l'arrivée du 2éme corps français, qui submerge définitivement les Anglais. Les troupes françaises pénétrent dans La Haye Sainte, tandisque les batteries intelligemment postées sément la mort dans les rangs des défenseurs, désormais pris entre deux feux, au sens propre comme au figuré. Ney désire poursuivre l'attaque, jusqu'au coeur de l'armée britannique, et demande des renforts a l'Empereur. Mais les troupes restantes sont aux prises avec les Prussiens. Si la situation des Britanniques est critique, celle des Français empire d'heure en heure.

 

http://www.ambafrance-uk.org/IMG/jpg_waterloo.jpg

La prise de La Haye Sainte

 

En effet, un nouvel assaut prussien chasse encore une fois les Français de Plancenoit. Napoléon envoie deux bataillons de la Vieille Garde, qui progresse a la baillonette, et parvient a reprendre le village peu aprés 19h, aprés des combats d'une grande intensité. Napoléon est parvenu a sauver son flanc droit, au prix de lourdes pertes.

 

Sauvé de justesse par l'arrivée de ses alliés Prussiens, Wellington profite de la diversion occasionnée pour réorganiser son centre, qui menacait de défaillir. Voyant cela, Napoléon fait donner la Garde, qui attaque a 19h 30 les positions alliées. Mais il est trop tard, et la pression exercée sur les Français par l'artillerie britannique, ainsi que les multiples assauts de l'infanterie, ont raison de la Garde Impériale, qui bat en retraite. Cette défaite de la garde est un coup dur pour les troupes françaises, dont le moral commence a étre sérieusement entamé.

 

http://www.grenadiers-idf.com/images/2260.jpg

Uniformes des grenadiers de la Garde Impériale

 

Voyant la Garde reculer, certaines unités françaises commencent a faire de même. Les Prussiens parviennent a conquérir définitivement Plancenoit, prenant en enfilade l'armée française, qui perd peu a peu sa cohésion. Wellington en profite, lancant une attaque générale. La déroute devient générale, et tous les batailons fuient, abandonnant parfois matériel et artillerie. Quelques minutes ont suffi pour transformer Waterloo en une défaite française.

 

C'est ainsi que s'achéve l'une des batailles les plus passionnantes de l'Histoire. Confrontation entre trois généraux talentueux, elle n'a été qu'une suite d'événements inattendus, qui ont décidés du sort de la France et de l'Europe.

 

http://www.lindahines.net/blog/wp-content/uploads/2008/11/blucher2.JPG

Entrevue entre Wellington et Blücher, aprés la bataille.

 

A 22h, Wellington et Blücher se rencontrent, dans la ferme, au nom prédestiné, de Belle-Alliance. Blücher poursuit l'armée Française durant de nombreux kilométres. Napoléon a échappé de peu a l'avant-garde prussienne, et a pris la fuite, escorté par sa Garde. Et Grouchy n'est jamais arrivé.

 

A ce propos, il semble définitivement certain que le fameux "mot de Cambronne" ne soit qu'une invention de Victor Hugo, Cambronne se battant a ce moment-la contre les Prussiens. L'Histoire n'est jamais définitive...

 

http://fr.academic.ru/pictures/frwiki/87/Wellington_at_Waterloo_Hillingford.jpg

Publié dans Premier Empire

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article